Les Aventures de Mousso Kitoko: Les décorations de Noël

L’esprit d’Halloween était encore dans les magasins et dans les rues. Cependant, des rêves pleins de lumières, de cadeaux et de joie en famille se bousculaient déjà dans la tête de Mousso Kitoko. C’était le mois de novembre. L’hiver approchait mais cela ne refroidissait pas les sentiments chaleureux qu’évoquent les fêtes de Noël dans le cœur de Mousso Kitoko.

Tous les soirs, en revenant de l’école, elle n’hésitait pas à ramener le sujet des fêtes de fin d’année dans au moins une conversation avec son père. Elle faisait preuve de beaucoup d’imagination. Elle voulait être certaine que son père ne manque d’aucune information cruciale dans la préparation de ce qui s’annonçait comme la plus belle fête familiale de l’année.

– Penses-tu que le père noël aura assez de temps cette année pour acheter tous les cadeaux que j’ai demandés ?  Demandait Mousso Kitoko.

– Je suis sûr que cette année encore, tous les enfants et leurs parents recevront le plus beau cadeau du monde : du bonheur à partager, répondait le père de Mousso Kitoko.

– Est-ce que le père Noël prendra l’ascenseur cette année pour se rendre à notre appartement ?

– Eh bien, tous ceux qui se joindront à nous pour célébrer cette merveilleuse fête familiale prendront l’ascenseur je crois. Surtout s’ils rapportent des choses à manger ou à offrir, répondait encore son père.

– Penses-tu que nous devrions lui laisser un peu de notre repas traditionnel près du sapin ? Il pourrait avoir faim après tout ce voyage depuis le pôle Nord.

– Chez nous, il reste généralement beaucoup de nourriture une fois le repas en famille terminé. Tu sais très bien que tatie Gâteau et tonton Charlie adorent cuisiner pour un village, rappelait-il encore.

Les jours passaient et l’esprit de Noël envahissait les rues de la ville, les vitrines des commerces mais aussi les chansons à l’école et les émissions à la télévision. Mousso Kitoko aimait appeler leur appartement « la jungle », à cause des nombreuses plantes exotiques que son père et elle s’amusait à regarder grandir. Cependant, aucune décoration qui évoquait la venue prochaine de l’homme barbu du pôle Nord n’y apparaissait. Mousso Kitoko, inquiète de ne voir aucune chaussette rouge, lumières clignotantes ou autres guirlandes brillantes de mille feux, demandait à son père :

– Papa, combien de jour reste-t-il avant Noël ? 

– Nous sommes aujourd’hui le premier jour du mois de décembre. Saurais-tu me dire quel jour nous célébrons Noël chaque année ?  Répondait-il.

– Hmm, nous ouvrons les cadeaux le 25 décembre mais…mes tontons, mes taties, mes cousins et mes cousines viennent toujours manger et jouer le jour d’avant à la maison. Je pense que c’est le 24 décembre. C’est ça Papa ? Demandait Mousso Kitoko.

– C’est exact, répondait son père. Il reste donc 23 jours avant la grande fiesta !  S’exclamait-il d’un air très joyeux, qui prouvait à la petite fille que son père attendait également cet événement avec impatience.  

La petite fille se demandait comment tous ces préparatifs pourraient aboutir en seulement quelques jours. Certes il y avait les taties et les tontons, les cousins et les cousines pour aider, mais comment la « jungle » pourrait-elle se transformer en musée de Noël en si peu de temps. Papa lui, a beaucoup de travail, se disait-elle. Il doit faire mes repas, me faire les cheveux, jouer avec moi quand j’en ai envie, me faire rire, me faire des câlins et je ne compte même pas toutes les histoires qu’il doit me raconter. Elle ne voulait surtout pas risquer que le Père Noël se demande s’il était à la mauvaise adresse en apportant ses cadeaux.

– Comment puis-je aider à décorer notre appartement ?  Demandait-elle à son père.

– Je ne sais pas, répondait-il. Mais nous pouvons y réfléchir maintenant que tu es décidée à aider. C’est très gentil de ta part et je suis sûr que le père Noël appréciera, ajoutait-il.

– Je pourrais peut-être aller au magasin et acheter plusieurs choses brillantes et amusantes ? Demandait Mousso Kitoko.

– C’est une bonne idée, répondait son père. Mais de combien d’argent disposes-tu dans ta tirelire ? 

– Quatre ou cinq pièces, tout au plus.

– Cela pourrait ne pas suffire malheureusement, dit son père.

– Ok. Alors peut-être que je pourrais les fabriquer moi-même ? Ça pourrait être amusant ? Reprenait Mousso Kitoko.

– En voilà une idée brillante ! Je suis sûr que tu as assez d’imagination pour fabriquer les meilleures décorations de Noël. De plus, elles seront uniques au monde. Seulement notre famille pourra profiter de ces merveilles que tu auras créées. « Les décorations de Noël de Mousso Kitoko », s’enthousiasmait son père.

– Oh j’ai une idée papa. Et si j’utilisais des objets que nous avons déjà et ensuite je les travaille un peu pour qu’ils soient beaux, brillants et rigolos ? C’est une bonne idée ça papa ?

– Oui, très bonne, disait son père.

Mousso Kitoko était très enthousiaste à l’idée de fabriquer ses propres décorations de Noël. Les années précédentes, elle avait aidé à accrocher les guirlandes et les boules multicolores sur le sapin. Mit les petits bonshommes de cire dans la crèche, ou encore disposé la belle nappe rouge brodée sur la table où toute la famille partageait un festin aux saveurs exotiques. Cette année encore, elle participe aux préparatifs de la fête, mais d’une façon tout à fait nouvelle. Elle sera la grande décoratrice en charge du plus magnifique des décors de Noël. Le soir venu, elle commençait à rêver de toutes les formes et couleurs qu’elle souhaitait montrer à ses tontons, taties, cousins, cousines, mais aussi à son père et au père Noël.

Le jour suivant, Mousso Kitoko se réveillait très tôt afin de commencer ses grands travaux d’aménagement. En effet il fallait que la « Jungle » se transforme en parade de Noël. Que les couleurs rouges et dorée signalent au père Noël que la plus sage des petites filles avait mis tout son cœur à décorer ce lieu de fête familiale.

Elle commençait par quelques boîtes de bois qu’elle utilisait pour ranger ses crayons, feutres et autres matériels de peinture. À l’aide de peinture blanche et de quelques feuilles de bananier séchées, ramassées aux pieds des pots dans la « jungle », elle fabriquait un joyeux bonhomme de neige. Une vieille chaussette rouge et un pot à crayons noirs venaient terminer le costume d’hiver de ce nouveau membre de la famille.

En regardant sa collection de poupées et leur garde-robe, une idée lui venait. En utilisant un lacet d’une de ses paires de chaussure, elle attachait bout à bout les pulls et autres pyjamas de ses poupées pour en faire une superbe guirlande multicolore.

– Cette guirlande serait parfaite sur l’étagère du salon, pensait Mousso Kitoko.

À l’heure du goûter, son regard croisait la grande jarre de friandises qui était remplie à ras bord depuis la nuit d’Halloween. La petite fille savait très bien qu’elle et son père ne mangeraient jamais autant de friandises d’ici Noël. Elle décidait d’attacher quelques sucres d’orges autour des bougies pour les rendre aux couleurs de Noël. Elle prenait quelques bouts de ficelles et en attachait d’autres en forme de cœur pour finir le long des murs. C’était une idée unique en son genre, d’avoir un décor que la famille et le père Noël puissent également manger en cas de petit creux.

Son anniversaire remontait à quelques semaines de cela. Elle avait remarqué que quelques assiettes en carton, restées dans la cuisine, n’avaient aucune utilité rigolote. Elle attachait donc quelques piques à brochettes et de vieux sacs en plastique à l’aide de jolis rubans qui servaient d’habitude à sa coiffure. Elle décidait de planter ces arbres de Noël amusants au milieu des pots de terres qui étaient généralement réservés aux plantes de la « Jungle ». La « Jungle » accueillait de nouvelles couleurs !

En installant ces nouveaux arbres de Noël, Mousso Kitoko avait cassé, accidentellement bien sûr, quelques branches des véritables plantes. Ces plantes qu’elle et son père dorlotaient durant toute l’année. Elle ne voulait pas que son père soit triste de constater qu’elles avaient été blessées. Alors une nouvelle idée ingénieuse lui venait. Elle ramassait toutes les branches cassées pour en faire des formes rappelant l’esprit de Noël. Les branches d’Hibiscus se transformaient en étoiles filantes. Celles d’Ixora rouge formaient des petits sapins. Enfin les tiges de Roucou, peintes de couleur blanche, formaient une étoile polaire qui surprendrait certainement le père Noël.

Le soir venu, Mousso Kitoko terminait son dessert favori, une glace au Maracuja.  Une dernière idée lui parvenait au moment de jeter son bâtonnet de glace.

– Et si je récupérais plusieurs bâtonnets pour en faire des cadres photos rigolos ? Se disait-elle.

Elle récupérait tous les bâtonnets dans le bac de recyclage pour les laver et les laisser sécher. Le lendemain matin, elle peignait chacun d’entre eux d’un rouge rappelant bien l’esprit de Noël. Dans un de ces magazines de couleur, elle découpait plusieurs photos qui donnaient envie de sourire et de rigoler. Elle collait ensuite les bâtonnets sur les photos afin de réaliser des cadres. Puis, rajoutait une ficelle pour les accrocher sur le sapin et dans tout l’appartement.

Mousse Kitoko était très fier de tout ce qu’elle avait réalisé avec des objets qu’elle possédait déjà et sans dépenser une seule pièce de sa tirelire. Elle montrait à son père les merveilles qu’elle avait fabriquées et disposées dans tout leur foyer.

– Mousso Kitoko, ce sont de loin les plus belles et plus originales décorations de Noël que j’ai jamais vu, disait son père, le sourire aux lèvres et si fier de sa petite princesse. J’ai vraiment hâte que le reste de la famille puisse la voir, reprenait-il. Je pense que cette année, Noël sera encore plus beau que les années précédentes car tu auras fait à chacun un très beau cadeau en donnant de ton temps, de ton imagination et de tes mains pour créer ce décor magique.

Le jour du réveillon était arrivé. Toute la famille se rassemblait dans l’appartement de Mousso Kitoko pour célébrer Noël autour d’un bon repas, de belles histoires, de beaux cadeaux, et cette année, plus que toute autre année, autour d’un décor de fête. Les membres de la famille étaient si émerveillés du travail de Mousso Kitoko, qu’ils la couvraient d’éloges et ne cessaient de prendre des photos comme si nous étions au musée. Même cousin Eli, qui adorait la taquiner, y allait également de son compliment.

– Tu as fait tout cela toute seule ? Waw ! Disait-il en essayant de manger quelques sucres d’orge accrochés au mur.

La fête était magnifique. Les enfants jouaient en mangeant du boudin créole et des pâtés salés. Les adultes riaient et racontaient des histoires en buvant du Shrubb que Tonton Charlie avait lui-même confectionné. Toute la famille était heureuse de vivre cet incroyable moment de joie et de partage. L’esprit de Noël était bien là. Et dans le cœur de Mousso Kitoko, un sentiment de fierté et de satisfaction venait se rajouter à l’euphorie de Noël. Elle avait reçu de l’amour sous forme de compliments en contrepartie  de son temps et de son amour en réalisant ses décorations. Elle ressentait une joie immense et venait de découvrir le secret de Noël : le partage.

 

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