Les Mystères d’Élily: Le tableau volé

Depuis son plus jeune âge, Élily, une jeune fille pleine de joie, voulait aider les autres. Elle aimait beaucoup la lecture et surtout les histoires avec des méchants car elles se finissent toujours bien. Elle excellait à l’école et s’instruisait dès qu’elle le pouvait :  à la Bibliothèque Nationale de Côte d’Ivoire en visitant Papi à Abidjan, ou encore à Laméca de Basse-Terre en Guadeloupe avec Mamounette.

Élily aimait vraiment aider les autres. Elle n’hésitait pas à aider ses parents dans l’organisation d’évènements associatifs. Souvent elle disait à sa mère :

          Tu sais Mamounette, un jour je serai la plus grande avocate du monde entier. J’aiderai des personnes à travers le monde et leur rendrai le sourire.

Grâce à sa discipline et son désir de faire la différence au sein de sa communauté, Élily avait rendu sa famille fière en devenant la plus jeune avocate noire en plus d’être une championne de Karaté. Pour la féliciter, sa famille en Afrique lui avait offert un cadeau très rare. Un Sokoké venu tout droit de la forêt tropicale de Arabuko-Sokoké. En effet, au Kenya, les membres de la tribu des Giriamas chassent encore le Sokoké, ou encore Khadzonzo comme ils l’appellent. Il en reste donc très peu sur Terre, et c’est pourquoi la jeune fille était très heureuse d’aider à la préservation de cette race.

Durant ses premiers jours en tant qu’avocate, Élily était très excitée à l’idée d’effectuer ce travail dont elle avait rêvé. Tous les matins, elle se réveille aux aurores, ou plutôt au chant du coq, comme cela est souvent le cas aux Antilles. Les mêmes coqs de combat que son tonton Charles entraine pour les combats au pitt le dimanche.

Elle se rend dans son bureau au Tribunal de Fort-de-France et passe des heures à écouter RCI avec son chat en attendant son tout premier client. Les jours passent et toujours rien. À force d’attendre sa première affaire, elle s’imagine enquêter sur l’un de ces faits divers qu’elle entend à la radio et dont tout le monde parle.

Il y avait cette histoire de Bradjak dans les rues de Saint-Pierre durant la nuit que tout le monde entendait, mais que personne n’avait jamais vu.

Une autre histoire évoquait une liste de pêcheurs qui auraient disparus aux-abords du Tombolo de Sainte-Marie.

Enfin, il y avait la disparition de la plus célèbre peinture de l’ile, le Fogu, qui signifie feu en créole du Cap-vert. Un portrait qui représentait la déesse hawaïenne Pélé

Un vendredi, à la suite d’un Poyo partagé avec sa cousine Kaykay, Élily reçoit la visite surprise d’un homme à son bureau. Il semble très embêté et assez stressé.

          Bonjour, je suis monsieur Moyibi et je viens vous voir car j’ai besoin d’aide.

          Bonjour à vous et bienvenue monsieur Moyibi. Répond Élily le sourire aux lèvres, heureuse de voir son premier client. Vous êtes certainement à la bonne adresse. Aider les autres c’est notre passion. Pas vrai Cutie-Paille ? Lance-t-elle à son chat.

          Ah très bien ! Je suis victime d’un groupe d’individus qui me veulent du mal. Il faut à tout prix que vous m’aidiez à leur échapper.

          Oh mon pauvre monsieur, bien sûr que je vais vous aider. Asseyez-vous ici je vous prie. Laissez-moi vous servir un peu de jus de Sapotille et vous allez me raconter tout ça.

Monsieur Moyibi raconte sa mésaventure à Élily et Cutie-Paille. Il leur dit que, depuis quelques temps, des bandits le suivent dans la rue. Ils ont l’habitude de se cacher dans la foule ou encore dans des voitures stationnées aux alentours de chez lui. Il ajoute avoir de plus en plus peur qu’il lui arrive quelque chose. Et qu’il évite de sortir de chez lui, de peur que les malfrats ne viennent piller le peu de choses de valeur qu’il gardait précieusement.

Élily était très touchée de ce témoignage. Elle avait plus que jamais l’envie d’aider son premier et unique client. Elle demanda à monsieur Moyibi :

          Auriez-vous une idée de ce que vous veulent ces gens ?

          Oh non ! S’exclame monsieur Moyibi. Je suis un homme très simple et je n’ai aucun ennemi.

          Et que faites-vous comme métier ?

          Eh bien, euh…je… Hésite monsieur Moyibi. Je suis un collectionneur.

          Et que collectionnez-vous ?

          Euh…des choses que je trouve ici et là.

Élily voyait que ses questions mettaient l’homme mal à l’aise. Elle décida donc de lui donner rendez-vous le lendemain dans un endroit publique afin de voir ces fameux bandits de ses propres yeux.

Le lendemain, elle se prépare à le rejoindre au Grand Marché de Fort-de-France. Après quelques minutes, aucun signe de monsieur Moyibi. Une heure passe, et toujours aucune nouvelle. Élily décide de se rendre à l’appartement de monsieur Moyibi. À son arrivée, elle trouve une porte fermée et décide de toquer.

          To! To! To!  Monsieur Moyibi, vous êtes là ? Crie la jeune avocate

Elle insiste quelques minutes mais ne reçoit aucune réponse. Soudain, elle se met à repenser à tout ce que monsieur Moyibi lui avait raconté et sa peur qu’il lui arrive quelque chose.

          Et s’il avait raison Cutie-Paille. Et s’il lui était arrivé une mésaventure. Peut être que ces fameux bandits étaient réellement après lui. Nous devrions peut-être jeter un coup d’œil chez lui. Il pourrait être en danger.

D’un super coup de pied qu’elle avait appris au Karaté, elle ouvrait la porte et se faufilait à l’intérieur avec son chat. 

Une fois à l’intérieur, elle ne vit rien de particulier. Aucune trace de monsieur Moyibi.

         Je pense que nous nous sommes inquiétés pour rien Cutie-Paille. Retournons au Grand Marché. Peut-être que monsieur Moyibi nous y attend.

En se dirigeant vers la porte de monsieur Moyibi, Cutie-Paille est distrait par un Anolis Roquet, ou « Zandoli » comme disait Tatie Jenny en créole martiniquais. Le lézard courrait sur le sol carrelé avant de plonger dans une faille du mur.

Cutie-Paille qui l’avait suivi, glisse sa patte dans la faille et tente d’attraper le lézard. C’est avec un morceau du mur et un étrange objet scintillant que le chat se retrouve en ressortant sa paluche. Élily qui avait suivi la scène était très intriguée par l’objet.

          Mais qu’est-ce que tu as trouvé Cutie-Paille ? Cela ressemble à un bijou de grande valeur. Il y a des diamants comme ceux que l’on produit en Côte-d’Ivoire, chez Papou. Cela doit faire partie de la collection de monsieur Moyibi. Mais pourquoi les mettre dans un mur ?

En regardant de plus près la jeune avocate remarque que d’autres objets sont dissimulés dans le mur. Elle se penche au-dessus de l’ouverture faite par Cutie-Paille et découvre un véritable trésor. Mais un objet parmi toutes ces pièces de collection attire l’œil d’Élily. Un tableau. Une peinture de très grande beauté. Ce tableau elle le connait, elle en a entendu parler très souvent. À la radio, au marché, dans la rue… c’était le Fogu ! Cette œuvre d’art volée que tout le monde cherchait, elle l’avait devant les yeux. Tout semblait plus claire pour Élily. Les hésitations de monsieur Moyibi sur son métier. La cachette dans le mur ou encore ces gens qui le suivaient. Sans doute des policiers. Élily s’empresse de prévenir la police qui ne tarde pas à arriver. Au même moment, monsieur Moyibi arrive chez lui et se fait aussitôt arrêter par les policiers. Élily avait résolu le mystère du Fogu disparu. Elle et son chat étaient très heureux d’avoir appris quelque chose de cette première aventure : les apparences sont parfois trompeuses.

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