Les grands voyages d’Éli : Le secret du dragon

Une fois n’est pas coutume, Éli et son père se retrouvaient au moment du couché pour laisser libre court à l’imagination débordante du petit garçon. Ils avaient tous les deux passé une journée passionnante pleine de bons moments. Des rires et des jeux pour Éli, des réunions et des courriels pour papa. Des petites grimaces et des chatouilles pour Éli, des appels et la vaisselle pour papa. Mais si ce soir ils ont tous les deux le sourire, c’est surtout grâce au Mofo Mangahazo de maman pour le dessert. 

L’origine de ce gâteau inspire Éli au moment de lancer son aventure quotidienne.

          Papa, tu sais que mon amie Tida est venu me parler d’un grave danger ?

          Oh…, répond son père. Sais-tu quel est ce danger ?

         Oui papa, reprend le garçon. Il m’a dit que son cousin le Fossa de Madagascar avait beaucoup de mal à se nourrir ces derniers
jours.

          Et il t’a dit pourquoi ? Demande le père d’Éli.

          Oui il m’a dit qu’un dragon fait fuir tous les Makis de l’île qui préfèrent prendre le bateau de Tamatave jusqu’à Saint-Denis à la Réunion. Je dois me dépêcher de les aider. Je leur proposerais bien un peu du Mofo Mangahazo de maman mais les Fossas sont carnivores.

           Un dragon tu dis ? S’exclame le père d’Éli. C’est assez dangereux mais je te fais confiance et je sais que tu réussiras à les aider. Laisse-moi le temps d’appuyer sur le bouton pour te téléporter sur l’île rouge.

           L’île rouge papa ?

           Oui Éli, Madagascar est souvent surnommée « l’île rouge », « l’île continent » ou encore « le huitième continent ». J’appuie sur le bouton et nous nous retrouvons demain matin pour que tu me racontes ce qu’il en est de ce dragon.

Le père d’Éli appuie sur le bouton au mur de la chambre et le petit garçon s’empresse de fermer les yeux.

Arrivé dans la forêt de Vohibola, Éli est très motivé par l’idée de rencontrer ce dragon qui sème le grabuge.  Son amie Tida lui avait déjà mentionné que les Lémuriens et les Fossas de Madagascar étaient menacés par la déforestation et les braconniers. Ils n’avaient certainement pas besoin d’un dragon pour troubler leur tranquillité. 

Ce soir, le brave Éli arborait sa tenue de Ninja. Une tenue qu’il avait fièrement gagnée dans sa classe de Kickboxing du lundi. 

Il avait un Flissa attaché à son dos avec lequel il pouvait se frayer un chemin dans la végétation.  

Et par-dessus tout, il était capable de lancer de petites boules de feu avec ses mains. Un pouvoir qui serait certainement très utile pour affronter un dragon.

Après quelques minutes de marche dans la forêt, notre jeune Ninja tombe sur de drôles d’empreintes de pas. Elles ne ressemblent pas à celles des Fossas ou encore des Lémuriens. Cinq longs doigts à chacune d’entre-elles et de longues griffes à leurs extrémités : sans aucun doute ce sont bien des empreintes de dragon. Le jeune garçon est aussi surpris de la taille de ces empreintes. Il s’attendait à des traces beaucoup plus grandes. Immenses même. Comme celles des dragons qu’il avait vus dans les livres ou les bandes dessinées de la bibliothèque Schoelcher en Martinique. 

          C’est peut-être un bébé dragon ? Se demande le garçon.

En suivant les traces du dragon, Éli finit par trouver un énorme trou dans le sol qui ressemble fortement au nid qu’un lézard pourrait creuser afin de se reposer la nuit. En effet, il se rappelle que sa grand-mère lui avait dit que les lézards se reposaient dans des endroits chauds et secs. Après tout, les dragons ressemblent vraiment à des lézards géants. Le jeune garçon s’avance plein de courage et allume une boule de feu afin de voir ce qui se trouve dans ce nid. Soudain, une silhouette apparait !

Éli brandit son sabre et se prépare à affronter ce fameux dragon. Un dragon sans ailes. Un dragon sans flammes qui lui sortent par la bouche. Un dragon…de Komodo ou encore Mokele-Mbembe comme disait tonton Mamadou au Congo pour se moquer des anciennes légendes. Le garçon est très surpris. Son esprit avait imaginé un dragon terrifiant sorti tout droit des plus célèbres dessins animés.

Le dragon sort de son nid, l’air à la fois triste et agacé. Éli l’observe méticuleusement et remarque quelque chose de très étrange. Un objet semble attaché à l’une de ses pattes et provoque sans doute une grande douleur chez ce dragon. 

Alors que le dragon fonce à toute vitesse sur le jeune garçon, ce dernier réalise un saut périlleux et retire habilement l’écharde qui se trouvait dans la patte de l’animal. Le dragon pousse un grand cri qui retenti dans toute la forêt puis s’effondre sur le sol.

En regardant de plus près, Éli se rend compte que l’objet retiré de la patte de l’animal est en réalité une pointe de harpon. Ce même type d’arme que l’on retrouve sur les embarcations clandestines des trafiquants d’animaux. En effet, les dragons de Komodo viennent principalement d’Indonésie. Celui qui dormait juste devant ses yeux avait sans doute connu beaucoup de dangers et d’ennuis pour se retrouver ici à Madagascar. 

          Des vilains l’ont sans doute sorti de sa maison et enlevé à sa famille, se dit Éli. Ils ont dû le poursuivre et le blesser avec ce maudit harpon. Puis, il leur a certainement échappé pour finir ici le pauvre. 

Le dragon finit par se réveiller. Son visage n’était plus agacé ou triste. Il avait l’air soulagé et Éli pourrait jurer qu’il l’avait vu sourire avant de filer dans la forêt comme pour dire « merci » au jeune garçon.

Depuis ce soir-là, les Fossas et les lémuriens n’avaient plus à craindre le fameux dragon. Il parait qu’il a retrouvé le chemin de l’Indonésie ainsi que le sourire. 

Éli le ninja avait appris une chose importante lors de cette nuit à Madagascar : un petit souci peut changer un petit lézard souriant en monstre de la forêt.

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